La Clé 6 permet de comprendre comment aller à la racine de nos instincts dominants, pour bien évaluer la valeur de ces instincts et savoir lesquels renforcer et lesquels laisser dépérir.
Pour comprendre le sens de la Clé 6, il faut d’abord être capable de retracer le passé de TOUT instinct. Pour ce faire, on va regarder la citation suivante :
Toutes les pulsions humaines […] ont pris sous l’effet de certaines circonstances la forme de conditions d’existence et ont été mises au premier plan. Les pulsions sont les effets postérieurs de jugements de valeur longtemps pratiqués qui à présent fonctionnent instinctivement […]
Friedrich Nietzsche
Éléments pour comprendre la citation
.Lien entre instinct et pulsion.
Nous avons vu dans la Clé 5 une définition du mot « instinct » :
Un instinct, c’est une impulsion (« im-pulsion ») indépendante de la réflexion, une force intérieure spontanée qui pousse à l’action.
Dans le vocabulaire de Nietzsche, « instincts » et « pulsions » désignent la même chose : des forces qui vivent en collectivité au sein du corps humain, organisées dans une structure hiérarchique. En d’autres termes, le corps humain est à comprendre comme une collectivité d’êtres vivants qu’on peut nommer « instincts » ou « pulsions ».
La seule différence entre les mots « instinct » et « pulsion », c’est que :
.Besoin ➡️ processus interprétatif ➡️ jugement de valeur (ou perspective).
Nietzsche parle de la notion de « jugement de valeur » dans la citation mise en exergue, une notion dont il nous faut d’abord donner une définition avant d’aller plus loin.
Un jugement de valeur, c’est un jugement du bien ou du mal de quelque chose ou de quelqu’un, basé sur une comparaison.
Exemple : Juger que la connaissance est quelque chose de bien.
Comme nous l’avons vu dans la Clé 4, toute perspective est en même temps un jugement de valeur (.perspective ⇔ jugement de valeur.).
Exemple : la perspective suivante, « la connaissance c’est quelque chose de bien », c’est en même temps un jugement de valeur (positif), c’est-à-dire qu’on juge positivement la connaissance.
Nous avons aussi vu qu’un jugement de valeur (ou perspective) est toujours le résultat de processus interprétatifs, et que ces mêmes processus sont dirigés par des besoins vitaux.
Ainsi, on peut schématiser ce qu’on vient de dire de la manière suivante :
.« Les pulsions sont les effets postérieurs de jugements de valeur longtemps pratiqués ».
À force de pratiquer un jugement de valeur, ce dernier devient une pulsion, un instinct.
À retenir donc :
Un instinct (ou pulsion) est au départ un jugement de valeur. Ensuite, vu qu’adopter ce jugement constituait une CONDITION de vie ou de survie pour nous (et non un luxe gratuit), on a longtemps pratiqué ce jugement de valeur jusqu’à ce qu’il devienne un instinct.
Exemple
Prenons l’exemple de l’instinct social, de la pulsion qui nous pousse à être sociable. Nous pouvons donc retracer le passé de cet instinct comme suit :
🔑 Retracer le passé de nos instincts dominants
.Quels besoins se trouvent à la racine de nos instincts dominants ?.
Comme nous l’avons vu dans la Clé 5, chez tout individu, il existe des instincts qui dominent. Il est en outre nécessaire de porter attention à la qualité de ces instincts dominants, car ceux-ci déterminent la qualité de nos pensées, de nos jugements et de nos actions.
L’importance de nos instincts dominants étant donc capitale, il faut savoir comment ils sont advenus, et s’il faut qu’ils continuent ou non de contrôler notre vie. En d’autres, il faut identifier le besoin qui se trouve à la racine de tout instinct dominant en nous.
La question que l’on pourrait se poser à propos d’un instinct dominant, c’est : .de quel besoin vient mon instinct dominant ?. est-ce un besoin qui traduit une surabondance de vitalité, de force OU est-ce un besoin qui traduit un appauvrissement de force, un désir d’éviter tout inconfort et toute résistance ?
.Étude de cas.
Prenons un individu quelconque (Lucas).
Lucas a 2 instincts qui sont en lutte permanente :
A) l’instinct de faire du sport
B) l’instinct de regarder une nouvelle vidéo sur YouTube
La majorité du temps, c’est l’instinct B) qui a été l’instinct dominant chez Lucas. Mais Lucas est conscient qu’il ne faut plus que cet instinct continue à contrôler sa vie.
La 1ère étape que Lucas doit suivre pour ne plus laisser l’instinct B) dominer l’instinct A), c’est de retracer le passé de l’instinct B) : Dans quel contexte a-t-il eu besoin de commencer à juger que regarder des vidéos avait PLUS de valeur pour lui que de faire du sport ?
🏹 Action-Clé 6
Y a-t-il un instinct qui domine votre vie et que vous aimeriez changer ?
Reprenez l’étude de cas, et choisissez vous-aussi 2 instincts dans votre vie qui sont en lutte permanente : lequel des 2 domine le plus ? Posez-vous ensuite la question :
de quel besoin vient mon instinct dominant ? est-ce un besoin qui traduit une surabondance de vitalité, de force OU est-ce un besoin qui traduit un appauvrissement de force, un désir d’éviter tout inconfort et toute résistance ?
Retrouvez le format Instagram de la Clé 6 ci-dessous :
50 degrés de Nietzsche 